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Goulag dans « Le Monde », l’avant et l’après Soljenitsyne / France News

Des prisonniers de camps de concentration soviétiques, sur le chantier du canal de la mer Blanche, l’un des premiers ouvrages staliniens réalisés par des détenus, au nord-ouest de la Russie, entre 1931 et 1933.

Il y a cinquante ans, le 28 décembre 1973, était publié en russe à Paris, aux éditions YMCA Press, L’Archipel du Goulag, d’Alexandre Soljenitsyne. Ce livre, qui sera l’année suivante traduit dans nombre de langues, dénonçait les camps de travail soviétiques. Le document passe parfois pour le moment où a été révélé à l’Ouest le système concentrationnaire à l’œuvre derrière le rideau de fer. A lire Le Monde, il n’en est rien. S’il fit sans nul doute date, s’il eut un avant et un après, cet essai littéraire semble surtout avoir été l’ultime preuve qui fut opposée à ceux qui niaient toujours l’existence de ce système oppressif.

Dès 1948, « Goulag » apparaît dans l’édition des 8 et 9 août du Monde, sous la plume d’André Pierre, qui, de Paris, traite des nouvelles forcément nimbées d’opacité en provenance du pays de Staline. Il survient étrangement dans un article de la rubrique économique traitant de l’exploitation du bassin aurifère de la Kolyma.

Faute de « travailleurs libres » prêts à s’exiler dans ces régions inhospitalières, la main-d’œuvre fut puisée dans les camps de prisonniers politiques ou de guerre. « Les froids très rigoureux auxquels ils n’étaient pas accoutumés décimèrent leurs rangs très rapidement, écrit-il. Toute l’organisation qui porte le nom de “Dalstroi” dépend du département spécial du ministère de l’intérieur appelé “Goulag” (administration centrale des camps de travail). »

« Un vaste réservoir d’esclaves »

Avant même cette date, plusieurs articles font déjà référence au « camp de travail forcé » que les communistes préfèrent baptiser « travail correctif » et présentent comme de salubres et humanistes substituts à la prison. Les journalistes s’appuient sur les récits de transfuges comme Viktor Kravchenko, auteur en 1947 de J’ai choisi la liberté !.

Autant de témoignages traités cependant avec prudence. Le 5 août 1949, le journal se montre plus tranchant dans son bulletin de l’étranger, l’ancêtre des éditoriaux d’aujourd’hui. Il évoque « des précisions irréfutables » sur l’existence d’« un vaste réservoir d’esclaves condamnés aux travaux les plus durs sur les bords de l’Arctique ou au fond de la Sibérie ». Et de citer le chiffre de dix millions de déportés.

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Le 17 août 1950, André Pierre publie « Nouveaux témoignages sur le travail forcé en URSS », un article sans appel sur le système concentrationnaire stalinien et en définit ainsi la philosophie : « L’individu n’est rien, l’œuvre est tout. Il périt mais l’œuvre est impérissable, et cela seul importe pour l’Histoire. »

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Written by Personal News

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